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Photo du rédacteurTiphaine Dechipre

Jour 2 : Lailly-en-Val. 67km. Total: 171km.

Le 4 mars, la pluie devait être reine, c'est pourquoi on avait prévu une distance moindre. Au petit déjeuner, Simon croise les doigts pour que la pluie nous épargne. Vu de ma porte, ce serait un beau gâchis de kilomètres. Il me rétorque : "De toute façon, on a réservé. On fera 67km donc à choisir, je préfère les faire au sec". Imparable.


Une fois Olaf remercié, on part pour ce deuxième jour de vélo. La pluie nous aura effectivement épargnés la majorité du temps, mais pas le vent. Il ne nous aura laissé aucun répit. Un vent de face tant qu'à faire, qui rend notre progression horriblement lente, mettant notre endurance à rude épreuve.


Obligée de boire toutes les trente minutes quand Simon s'en passe très bien (ce mec est un chameau en fait), je me rends compte sur ces routes de campagne que seuls deux éléments sont vitaux : l'air et l'eau, relayant ainsi nos pâtes de la veille au stade de lointain souvenir.


Le plus éprouvant furent ces montées imperceptibles, de celles qui pourraient être qualifiées de "plat" par tous ceux qui ne les empruntent pas à vélo bien-sûr. Elles sont d'autant plus difficiles à surmonter qu'elles sont très longues, brûlant ainsi vos cuisses sur la durée, et ne sont jamais suivies d'une descente digne de ce nom. Faire tout ça avec des bourrasques de vent ne demande plus seulement une résistance physique, mais une pugnacité.


Au cours de ce périple sur les routes de France et de Navarre, je me rends compte qu'une autre chose freine notre avancée : l'état des chemins empruntés. Qui aurait cru qu'un jour j'étudierais le ratio qualité de la voirie / performance ? Personne, je vous l'assure et pourtant à ce stade, tout ce que je souhaite, c'est mettre nos maires et préfets sur des vélos pour qu'ils comprennent. Sans rire, une piste cyclable faite de graviers, j'offre un menu Hold-Up à quiconque me trouve la flèche qui a eu cette idée !


La journée est finie; tôt, pour notre plus grand plaisir. Nous nous sommes passés de pause déjeuner afin de mieux profiter de notre location tout confort, restait juste à faire les courses en amont. On rentre dans le supermarché avec les vélos (toujours cette même phobie), Simon est même allé jusqu'à demander au caissier si l'on pouvait les emmener dans les rayons. J'explose de rire tant le non était inévitable. D'autant plus en prenant conscience de la formulation de sa phrase : "Si on roule pas dessus, est-ce qu'on peut ?", ou comment transformer le minimum syndical de respect en argument. Ainsi on se relaie, tantôt l'un dans les rayons, l'autre affecté à la surveillance de nos bolides, sous le regard médusé des autres clients choqués par notre dégaine. A ce stade, absolument rien à faire de nos looks, on en rit de bon cœur. Je suis à la caisse, les vélos en vue, Simon n'attend pas une seconde de plus pour partir à son tour, comme si l'on était dans une épreuve de Fort Boyard. Il est vrai qu'il n'aime pas perdre de temps. Ainsi, je me retrouve obligée de crier la marque de céréales que je souhaite, monsieur n'aime pas, deuxième essaie, c'est bon, nous sommes tombés d'accord, tout cela tandis que la caissière attendait sagement de pouvoir m'annoncer le prix.


Nous arrivons à Lailly-en-Val, ce genre de patelin qui nous rappelle que le réseau n'est toujours pas omniprésent en France. Une douche, un repas de midi avalé à l'heure du goûter et là, chose qui ne m'était pas arrivée depuis longtemps : une sieste, d'un sommeil de plomb. Une heure pour soigner le corps. Et la vivacité qui ne revient pas pour autant au réveil mais qu'importe, on est bien, au chaud et au sec.

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